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Ferme du Courtillet
UN PROCES EN 1922
"D'après un article de Henri de Noussanne paru le 14 janvier 1922"
« CLIC » ici pour voir l'article paru dans "L'AGRICULTURE NOUVELLE" du 11 mars 1922
et dans "LE QUOTIDIEN" du Mardi 10 avril 1923.
En 1922, un procès passionne l'opinion publique. Il oppose une jeune fille de 25 ans à l'Institut, propriétaire du domaine de Chantilly.
Parisienne d'origine, fille d'un officier de carrière, Mlle Magdeleine Gouzé est d'abord formée aux arts et aux lettres. C'est ainsi qu'elle aime lire les bons auteurs et interprète volontiers Chopin au piano. Cependant, la guerre et les sacrifices inhérents l'incitent à se diriger très vite vers l'agriculture. Elle apprend à labourer, semer, moissonner, engranger, tout en se donnant une formation technique.
En 1918, Melle Gouzé voit son père revenir de la guerre impotent et réformé. Elle n'hésite pas. Elle va s'établir et vivre avec ses parents qu'elle soutiendra de sa jeunesse et du savoir acquis.
La ferme du Courtillet près de Courteuil a souffert du voisinage du front. Melle Gouzé se charge de la relever. Elle reprend donc en 1918 à M. Léon ROLAND le bail qui n'avait plus que cinq ans à courir. M. Roland (sénateur) lui ayant affirmé puis confirmé par écrit qu'un nouveau bail serait concédé sans problème par M. Duplaquet, régisseur de l'Institut.
Melle Gouzé obtient de l'État un prêt de 350 000 francs remboursable en dix ans, et donne une plus-value considérable au domaine. 350 hectares sont consacrés au blé, 70 aux prairies artificielles, 30 aux betteraves, le reste au seigle, orge et sainfoin. Le cheptel pratiquement inexistant avant 1919 compte 20chevaux, 22 bêtes à cornes, 50 porcs. Le matériel agricole est particulièrement perfectionné et l'électricité a été installée dans la ferme qui possède son propre générateur.
Cependant, lorsqu'en 1921, Melle Gouzé veut faire réaliser par l'Institut sa promesse de renouvellement de bail, elle se heurte à d'énormes difficultés. En particulier, le loyer est porté de 13 000 F à 20 000 F, ce qu'elle accepte, ignorant qu'un contrat vient d'être signé simultanément avec un tiers offrant 30 000 F. Elle perd ainsi le bénéfice de 3 ans d'efforts et plusieurs centaines de milliers de francs. Elle intente un procès à Institut.
Le 10 janvier 1922, elle est déboutée et condamnée aux dépens par la première chambre du tribunal civil qui estime que c'est le régisseur et non le Commission administrative de l'Institut qui s'était engagé.
La presse locale s'empara dons de l'affaire suscitant un large mouvement d'opinion favorable à Melle Gouzé, amenât ainsi le tribunal à revoir son jugement.
L'auteur de cette chronique du début du siècle illustrant l'histoire de notre région, affirme qu'il s'agit d'une affaire tout à fait caractéristique de l'époque. Il voit dans les vicissitudes de cette jeune fille "héroïque et courageuse" la trame d'un véritable roman balzacien !
Bulletin Municipal 1èr semestre 1992
« CLIC » ici pour voir quelques photos de la ferme "du Courtillet" en 2008