Statue de Saint-Fiacre



La Saint Fiacre(1) à Courteuil en 1920.
(par Raymonde Aubert)


    J'avais douze ans, nous venions à Courteuil, ma soeur et moi, passer les grandes vacances chez nos cousins Sannier. Avec leurs deux enfants Lucien et Claire, d'autres du village dont Marcelle Moinat et son mari Maxime, nous faisions une joyeuse bande, parcourant en août les champs moissonnés, glanant un peu, jouant beaucoup.

    La Saint Fiacre fête des jardiniers maraîchers, à la fin août était, au village, l'occasion de quelque remue mènage bien venu, les jeunes gens du pays s'occupaient de louer un plancher, d'aller chercher des feuillages pour «fermer» la salle de bal, trouver des musiciens «trois tout au plus» avec un violon dont le crin-crin ferait bien rire aujourd'hui, mais qu'importait puisqu'il faisait danser !
Ils commandaient aussi les brioches.

    La messe dans l'église très fleurie réunissait les maraîchers qui, pour la circonstance, avaient sorti des tiroirs de commodes le costume noir de leurs jeunes années (devenu un peu «juste» pour certains). Sous la bannière de Saint Fiacre la messe était agrémentée de belle musique par les membres de la famille Mussat, de vrais artistes !

    Je revois encore le soleil d'août dans l'église par la porte ouverte, les fleurs, la musique, l'assistance en habits de fête, nous, les petites filles en robes fleuries, chaussettes et gants blancs. Les jeunes gens portaient sur un brancard recouvert de dentelles et de fleurs, les brioches que le prêtre allait bénir et qu'ils distribueraient ensuite dans chaque famille. Ils récoltaient ainsi assez d'argent pour payer leurs frais et faire entre eux le lundi, pour finir la fête , un joyeus repas.

    Dans l'après-midi, les cafés sortaient leurs tables, les familles venaient là, autour d'une tarte aux «dominos» : les dominos étaient de petites prunes un peu acides mais d'un parfum spécial, agréable en tartes et confitures. A Courteuil, pas de fête de fin d'été sans tartes aux dominos. Il y avait à l'époque au moins un arbre à dominos dans chaque jardin.
L'espèce en a, je crois, disparu.

    Le soir, le bal pour les grands, et pour nous, les enfants, faveur exceptionnelle, nous gambadions et dansions entre nous «les filles avec les filles» ! à côté de la salle du bal, au son de la musique !
Raymonde Aubert
-Bulletin Municipal - juin 1993 - -

Quelques représentations de Saint Fiacre.
Passer la "souris" sur la photo pour agrandir...

St Fiacre
- Crécy -

St Fiacre
- ? -

St Fiacre
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St Fiacre
- Auxerre -

St Fiacre
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- CRECY -
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- Auxerre -
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St Fiacre
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St Fiacre
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St Fiacre
- Courcelles -

St Fiacre
- Senlis -

St Fiacre
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- Le Mans ? -
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- Courcelles -
Confrerie de Senlis
Confrerie de Senlis

(1)Saint Fiacre :
Au début du 15e siècle, Fiacre, un moine irlandais, débarque en France. Il s'arrête à Meaux, situé sur une route gallo-romaine fréquentée par les pèlerins anglais et irlandais se rendant à Rome. Il obtint de l'Évêque Saint Faron la concession d'un lieu appelé Breuil (devenu aujourd'hui Saint Fiacre en Brie) où il installe un ermitage. Ce lieu devint trop petit pour accueillir les nombreux pèlerins attirés par sa réputation de charité et de sainteté. Saint Faron lui permit d'agrandir son domaine suivant une coutume de l'époque qui lui accordait toute la terre qu'il s'avérerait capable de défricher et d'entourer de fossés en une journée. Fiacre, aidé d'un bâton (ou d'une bêche suivant les récits), n'eut qu'à marcher pour voir les arbres tomber, et les fossés se creuser autour de lui. Il obtint un terrain suffisamment vaste pour y créer, comme la légende le veut, “ un jardin merveilleux où croissaient sans peine, sur une terre bien bêchée, légumes, fleurs, fruits, arbustes ornementaux suscitant l'admiration des jardiniers,… ”. Accusé de sorcellerie par une femme du pays, “ la Becquenaude ”, Saint Faron se déplaça. Fiacre, la tête entre les mains, s'assit sur une pierre et nouveau miracle, la pierre dessina l'empreinte du corps de l'ermite. L'évêque reconnut l'intervention divine et rendit son jugement en faveur de l'Irlandais. Celui ci poursuivit son existence de prière et de charité en créant un hôpital accueillant les pauvres. C'est vers 670, un 30(?) août, que s'éteint Saint Fiacre. Louis XI fit fabriquer une châsse, qui se trouve à la cathédrale de Meaux, pour enfermer les reliques de Saint Fiacre. Les horticulteurs, jardiniers, maraîchers, en ont fait leur saint patron et fêtent pieusement l'anniversaire de sa mort. Dans la région on retrouve plusieurs Confrérie de Saint Fiacre : Senlis,...
L'insigne reprend les instruments principaux de la profession : l'arrosoir, la bêche, le rateau (en bois). Dans certains cas ces outils sont entourés d'une couronne de feuillages et de fruits.
Latin : Fiacrus ; - Italien : Fiacrio ; - Français (variantes) : Fèfre, Fèvre ; - Allemand : Fiakrius.
Représentations :
Saint Fiacre est le patron des jardiniers, il est représenté armé d'une bêche. Il a été aussi le patron des cochers de Fiacre : l'entrepreneurs des coches à cinq sols de l'heure habitait l'hôtel Saint-Fiacre, rue Saint-Antoine à Paris, et avait pour enseigne une image de saint Fiacre.
Saint Fiacre est vêtu en paysan ou en ermite, avec une bêche. Il tient d'une main le livre ouvert des Évangiles, et de l'autre une bêche . Il importe de ne pas confondre saint Fiacre armé de sa bêche avec le Christ apparaissant en jardinier après la Résurrection à Marie Madeleine.
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Bibliographie : [Le livre des bannières, Association pour le XVe centenaire de la France, 1996]
[G. Duchet-Suchaux, M. Pastoureau, La Bible et les saints, guide iconographique, Flammarion, Paris, 1994]




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