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Il était une fois... Courteuil

"Chronique villageoise" Bulletin Municipal de juillet 2008
(Par Jacques Foureaux ancien Maire de Courteuil).

     "J'ai accepté avec grand plaisir la proposition de mon successeur à la mairie de Courteuil de m'accorder un espace de rédaction dans ce bulletin semestriel et l'en remercie.

    J'essaierai d'y évoquer quelques aspects intéressantr de l'histoire de notre village et de ses habitants. D'autres ont, avant moi, apporté leur contribution à ce travail de mèmoire et je serai heureux de joindre mon apport personnel à ceux de Sophie Legendre, Marie-Noelle Duchesne,Christine Maltot, Robert Albrand, sans oublier l'interéssant site de Patrick Serou sur Internet.

     Je ferai appel à ma propre mémoire et à la précieuse tradition orale léguée par mes parents, grands-parents et arrière-grands-parents.

     Au sortir de la guerre 1914-1918 et avant la profonde mutation sociologique qui s'opéra ultérieurement, la population de Courteuil comptait, avec son hameau de Saint Nicolas, environ trois cents habitants parmi lesquels de nombreux agriculteur-maraichers et ouvriers agricoles. Il suffit d'ouvrir nos registres d'état civil de cette époque pour trouver les noms des Barbe, Bourset, Descauchereux, Dury, Guenard, Aveline, Lefevre, Gonce...
     Deux d'entre eux furent maires de Courteuil et trois ont leur nom gravé dans la pierre de notre monument au morts.

     Mises à part les deux fermes, de notable importance, du Courtillet et de la Gatelière,

Ferme du Courtillet
Ferme de la Gatelière
Ferme de la Gatelière
"La bellefontaine"

- CRECY -
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....passer la "souris" sur la photo pour agrandir....

dont les terres sont situées en majeure partie sur la commune de Courteuil, leurs exploitants résidant dans des communes voisines, les agriculteurs-maraichers de notre village étaient de petits paysans pratiquant les cultures traditionnelles de blé, betterave fourragère, la luzerne et l'avoine.

     La plupart des travaux s'effectuaient manuellement. Les chevaux étaient la principale source d'énergie pour la traction des matériels agricoles comme, par exemple, la moissonneuse-lieuse pour le fauchage des céréales et leur mise en gerbes, dressées ensuite manuellement en petits tas avant d'etre stockées à la ferme ou sur place, en grosse meules.


Moissonneuse-lieuse
Gerbes
Meules
-Moissonneuse-lieuse-
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    C'est travaux de moissons s'effectuaient sur une période assez longue et, lorsque enfin sur la dernière voiture on hissait la dernière gerbe on y joignait le "Mai", gerbe de fleurs sur fond de verdure, symbole de fin de moisson, fetée comme il se doit; le battage des récoltes était effectué ultérieurement et le blé était, avant la création de coopérative céréalières, livré directement au moulin, prolongement naturel de l'activité agricole.

Le "Mai"
Le battage
-Moissonneuse-lieuse-
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     Activité agricole aussi, l'exploitation, pendant de nombreuses décennies par les familles Bonini et Calegari, des carrières de la rue de la Foret et du parc de Saint Nicolas, pour la production de champignons.

Culture des Champignons.
Culture des Champignons.
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     Et noublions pas ces artisans dont l'activité était en grande partie, liée au monde agricole : le maréchal-ferrant d'Avilly, Jean Strasser, son frère Henri, le charron et le bourrelier de Senlis qui entretenait les harnais des chevaux .

Le Marechal-Férrant
Le Charron
Le Bourrelier
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     On pouvait aussi, à cette époque, voir paitre sur les prés de Courteuil et Saint Nicolas de nombreuses vaches laitières que leurs propriétaires rentraient le soir à l'étable à l'heure de la traite. De nombreux habitants venaient acheter leur lait à la ferme.

Vaches laitières.
La traite.
La vente du lait.
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     Comme dans toute les communes jalonnant la vallée les terres humifères du bord de la rivière étaient en grande partie consacrées aux cultures légumières traditionnelles dont la production était écoulées sur les marchés locaux.


     Les maraichers et les agriculteurs étaient regroupés au sein d'une confrérie placée sous le patronage de Saint Fiacre et célébraient chaque année cette fête le premier lundi de septembre, alors férié. Cette festivité comportait une messe le matin, autour de la banniére de Saint Fiacre aujourd'hui disparue, avec bénédiction et partage de brioches, et se terminant par un bal en soirée. Cette tradition s'est éteinte au début da la dernière guerre, les maraichers disparaissant peu à peu, sans successeurs.

Saint Fiacre.
Sortie de la messe..
Le bal de la St Fiacre.
La Fete..
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     Parmi les cultures variées pratiquées dans nos marais, accordons une mention particulière à l'une d'entre elles, l'artichaut de Paris, aujourd'hui quasi totalement disparu des marchés. des surfaces relativement importantes lui étaient consacrées ; c'était un artichaut au port evasé, beaucoup plus savoureux que l'actuel gros artichaut rond de Bretagne. La récolte de ce legume pérenne commencait courant juin, sur les pieds mères de l'année précédente, bien protégés pour résister aux rigueurs de l'hiver, et se poursuivait ensuite sur les plantations de printemps effectués en mars-avril avec des "oeilletons" prélevés sur les pieds mères. La cueillette était effectuée avec une petiter serpette de forme particulière. Les cueilleurs étaient accompagnés de "porteurs" qui recueillaient la recolte dans de grandes hottes en osier, portées à dos. Suivait alors le tri manuel classant les artichauts selon la taille et leur qualification, les plus gros étant appelés les "maitres", venaient ensuite les moyennes et petites "ailes" et enfin les plus petits, les "poivrades" classés crudités. 

Champ d'artichaut.
La cueillette...
Le "Porteur".
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     Jusqu'à la fin de la première guerre mondiale, quand les surfaces consacrées à cette culture étaient encore relativement importantes et que la production ne pouvait être écoulées en totalité sur les marchés locaux, les exédents étaient acheminés vers les Halles de Paris. Aussi incroyable que ce soit, le transport s'effectuaient en voiture à cheval. Après le déchargement des voitures les chevaux étaient pansés et, comme leurs maitres, se reposaient tandis que les mandataires procédaient à la vente des marchandises. Les voitures repartaient vers 8 heures et rentraient vers 20 heures. Ma grand-mère aimait nous raconter que, lorsque soufflait un léger vent sud-est, on entendait le soir, par temps calme, le pas des chevaux et le cliquetis des grandes roues à bandages des voitures, sur le pavés de la route de Pontarmé.

Le carreau des Artichauts.
Les Halles de Paris
Les Halles le matin.
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Les Halles centrales.
Les Charettes, la livraison.
Une voiture...
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         Il n'y a plus, aujourd'hui, à Courteuil Saint Nicolas, aucun maraicher.
        Il n'y a plus de confrérie de Saint Fiacre.
        Il n'y a plus de fermes, de chevaux, ni de vaches laitières.

    Fort heureusement nos forets sont encore intactes et la plaine parfaitement mise en valeur par des agriculteurs qualifiés mais vivant hors de nos murs.

    Certes on peut encore entendre, le soir, le bruit des voitures sur...le macadam de l'autoroute du Nord ! Cest beaucoup moins bucolique que le pas des chevaux, mais ainsi va la vie !

    Et si cette brève évocation d'un lointain passé peut, au dela d'une certaine nostalgie, resserrer les liens qui nous unissent et nous attachent à notre cher village, elle n'aura pas étét vaine.

Jacques Foureaux (juillet 2008)
Patrick Sèrou-Janvier 2020-