La Blanchisserie d'Avilly



LE BEAU BLANC DE SENLIS


L es blanchisseurs les meilleurs du royaume
Ceux qui trouvaient les plus beaux, les plus francs
Entre tous les blancs
Ceux dont le linge fin comme un baume
Doux comme un lait et luisant comme un lis
Etaient de Senlis



C es quelques vers de Georges Audigire écrits au début du siècle font allusion aux blanchisseries établies le long de la Nonette sur les communes de Courteuil et d'Avilly.

La première blanchisserie fut fondée par les moines de Royaumont qui utilisaient les eaux de la rivière pour blanchir le linge d'église, celui de la cour, le lin de Flandres.

Ils avaient creusé 5 km de canaux sur lesquels circulaient des barques chargées de rouleaux de toile qui étaient étendus sur la prairie bordant les canaux ; l'herbe était laissée assez haute et jamais foulée au pied donc toujours propre ; la circulation de l'air et de la lumière se faisait entre l'herbe et la toile humide grâce au brouillard qui se forme chaque jour dans ce fond de vallée. Cette toile était laissée quelques jours exposés à la lumière et à l'humidité. On reprenait le linge pour le laver dans une "buerie" à l'eau bouillante et on renouvelait ces deux opérations jusqu'au parfait blanchiment sans avoir recours au chlore et donc en lui conservant sa souplesse et sa solidité.

Le développement de cette industrie locale vers 1650 est du au Père Sébastien Truchet, religieux des Carmes, qui visitant ses confrères de Senlis dont le Couvent se trouvait en bas de la rue Vieille de Paris, eu l'occasion de venir voir ces "bueries".

Ses conseils modernisèrent les procédés chimiques et mécaniques et aidèrent ainsi au développement des ateliers de blanchiment.

A cette époque le Prieuré de St-Nicolas louait les bâtiments aménagés pour le traitement des toiles à un particulier.

Guillaume Houdigan. Son action soutenue par Colbert va rendre le "Blanc de Senlis" célèbre dans le monde entier. Toutes les batistes, tous les linons de Flandres, des Pays Bas, d'Allemagne, et de France arrivaient écrus, noirs et quittaient notre commune blancs. Ces tissus étaient apportés par le coche d'eau ou par bateau poste par l'Oise et l'Escaut. Elles étaient traitées et repartaient vers l'Extrême Orient par le port de Marseille, ou vers l'Espagne, l'Amérique du Sud par Bordeaux. Tout ce linge dispersé dans le monde entier portait la mention prestigieuse de "Blanc de Senlis".

Le blanchiment du linge de la cour des rois de France se faisait aussi dans ces usines, celui du Grand Condé, celui de Napoléon I et, plus tard, celui de la République.


Avant la révolution il y avait trois blanchisseries dans le canton: Une à Courteuil fermée au début du 19 ème siècle, celle de Saint-Nicolas fermée en 1828, celle d'Avilly fermée pendant la seconde guerre mondiale ; son emplacement est occupée maintenant par cette usine de papier que vous pouvez voir sur la route qui va de Senlis à Chantilly sur la gauche. On retrouve devant les bureaux la grande pelouse sur laquelle on disposait le linge blanchi sur pré, mais les canaux ont disparus.

Une habitante de Courteuil y a travaillé : elle était chargée avec son équipe du pliage des toiles.


Pour terminer, voici la conclusion du poète :


Tout a changé, tout passe, casse, lasse...
Les blanchisseurs ont de neufs appareils
Qu'on dit sans pareils
La mode veut qu'on lave à la potasse
De tous les points on ne vient plus ici
Même de Précy
Et cependant en voyant la Nonette
Toujours poursuivre en flots mignons et courts
Je ne veux pas lui dire ; pardon
Je vais à London.


Nous remercions Madame M.N. Duchesne pour sa collaboration.
"Bulletin Municipal -janvier 2000"


Voir aussi : "ENCYCLOPEDIE, ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers"

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