Illustration de Paul Adrien Bouroux pour le livre de Jean Yole
"Le marais de Monts en Vendée"



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Paul-Adrien BOUROUX (1878-1967)
habitant de Courteuil

Paul-Adrien Bouroux est un peintre, illustrateur et un graveur français né le 14 juin 1878 à Mézières (Ardennes) et décédé à Paris le 31 mars 1967.

    Très jeune, il montre des aptitudes au dessin et à l'aquarelle, et reçoit des cours dans cette discipline du receveur de l'enregistrement de Fours dans la Nièvre. Ayant terminé ses études au collège des Barnabites de Gien, c'est ainsi qu'il débute une carrière dans les Impôts. Il espérait y trouver assez de temps libre pour assouvir son penchant pour la peinture.
    Ses débuts à Auxerre sont interrompus par le service militaire, il y rencontre des élèves de l'école des Beaux-Arts de Paris qui le présentent à leur professeur Luc-Olivier Merson. Il fait ensuite connaissance par l'intermédiaire de Henri Chabeuf collaborateur au journal des Arts avec le graveur Victor-Louis Focillon. Ce dernier l'initie à la gravure et particulièrement à la technique de l'eau-forte. Paul Adrien Bouroux démissionne de l'Enregistrement en 1906.
    Il vient à Paris où il retrouve Merson et Focillon. Il expose à Paris au Salon des Artistes français et obtient une mention honorable en 1908.

    La guerre de 1914 interrompt son activité artistique, mais il réalise de nombreux croquis sous le drapeau et en 1916 les présente sous une série de huit eaux-fortes avec le titre "Au front d'Alsace".
    Après la guerre il continue à travailler mais voyage également, il se rend notamment avec André Pératé en Italie en 1925.
    Il est membre de la société de la gravure originale en Noir, et participe à leur salon en 1922, 1928, 1929.
    En 1932 il devient sociétaire de la Société de Bibliophile de Saint Eloy, avec les graveurs Charles Jouas, André Dauchez et le joailler bibliophile Henri Vever.
    Il s'installe 2 rue Dupleix à Paris dans le même immeuble que Maurice Victor Achener. Vers 1947 des problèmes de santé affectent sa vue, il continuera cependant à graver jusqu'en 1964.

Il est l'illustrateur de nombreuses publications :

-Fribourg, ville d'art, texte de J.-J. Berthier. Paris 1912.
-Au front d'Alsace Paris au Nouvel Essor 1916
-Sienne, André Pératé Paris Fontemoing 1918.
-De la Mer aux Vosges, Franc-Nohain Paris de Boccard 1921.
-La Trappe d'Igny - retraite de J.K. Huysmans, En collaboration avec René Dumesnil, Paris,
  Editions Albert Morancé.1922 (bois)
-En Flandre Maritime de Henri Cochin, Paris Morancé 1923.
-Colette Baudoche de Maurice Barrès Paris Chez l'artiste 1928.
-Assise, André Pératé Paris Morancé 1925.
-L'Oblat de J.K. Huysmans, Paris Chez L'Artiste 1930.
-Sur les chemins de la victoire de Maxime de Sars Paris Chez L'artiste 1934.
-Le Cahier vert de Maurice de Guérin (Avant-propos de François Mauriac. Chez l'artiste. 40 eaux-fortes originales.(1947)
-Paris, ses eaux et ses fontaines G Montorgueil Paris Société de Saint Eloy.
-Le marais de Monts en Vendée. Son rivage et ses îles. - de Jean Yole. Librairie Auguste Fontaine.
-Le pays de Hainaut A Mabille de Poncheville, préface de G. Lenotre, Paris Chez l'Artiste. 1935
-Sylvie de Gérard de Nerval Paris Chez l'artiste 1948.
-Le Manuscrit de ma mère d'Alphonse de Lamartine, Paris Chez l'artiste, 1952.

Ouvrages collectifs :

-Vieilles Abbayes d'Île de France de Louis Réau (Société de Saint Eloy)(1955)
-Il participe à l'ouvrage Almanach, cahier de vers d'Émile Verhaeren. Dans ce livre interviennent, pour chaque mois de l'année, des graveurs différents : Paul Baudier, Charles Hallo, Maurice Victor Achener, Jean Frélaut, Eugène Corneau, Henry Cheffer, Adolphe Beaufrère, Josso, Pierre-Yves Trémois, Paul Lemagny, Robert Jeannisson et André Vahl (Société de Saint Eloy).(1957)
-Il collabore à la série de livres « Châteaux D'Ile de France » d'Ernest de Ganay (Société de Saint Eloy) (1957)

Musées :

Il est présent dans le musée de Calais.
Le musée d'Arras lui consacre une exposition en 1968
Source : Wikipédia


Voir aussi : Paul Adrien Bouroux présenté par Raffaela Cavalieri.
Voir aussi : "Artistes de mon temps" par Emile Langlade (1863-1939). Auteur du texte .


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Extrait du périodique "Le Domaine"
-janvier 1934 -


    Ce qui frappe tout d'abord dans sa physionomie
ouverte, mobile, émerveillée, ce sont les yeux : leur
regard a cette vivacité, cette limpidité d'expression
qui dénotent la fraîcheur d'une âme nourrie dans la
contemplation des beautés de la nature et non dans
celle des vilenies des hommes, regard fréquent chez
les paysagistes. Il y couve parfois une ironie douce
et amusée, sans un grain de méchanceté. Le sourire
y éclot plus volontiers. La gravité y met de la pro-
fondeur : elle a sa source dans l'émotion ressentie en
présence d'un beau paysage ou d'une belle oeuvre.

    Il a un atelier et un appartement à Paris, ultra-
modernes dans un quartier neuf. Il a un atelier et
une petite maison à la campagne, dans un des plus
jolis coins de l'Ile-de-France ; la maison est ancienne;
elle voisine immédiatement avec le vieux clocher
d'une vieille église, d'une délicieuse église rurale du
douzième siècle, à deux pas de ce calvaire de Cour-
teuil
où s'effondra l'abbé Prévost, le jour, où une at-
taque terrassa l'immortel auteur de Manon Lescaut.
Son jardin, clos de murs, est à l'avenant, intime,
feuillu, avec une petite pelouse,une serre, et un pota-
ger à ravir Mme de Noailles.

    Mais ne vous avisez pas trop de chercher P.-A.
Bouroux dans son appartement de Paris ou sa mai-
son de Courteuil : il est plus souvent à Igny, ou à
Ligugé, ou à Assises, ou dans quelque petite ville
de la Flandre maritime, Bergues, Gravelines, Cassel,
Bourbourg, ou en Bretagne, ou à Metz, ou à Dijon,
ou à Cluny, ou à Saint-Wandrille, ou à Bruges, ou à...
que sais-je encore ? Mais ces pays, si divers, mar-
quent les étapes de son oeuvre.

    C'est sans doute cette humeur vagabonde qui fait
que, né d'un père nivernais, il s'avisera de venir au
monde à Mézières. Si mère charmait ses loisirs en
faisant de l'aquarelle ; à quatre ans, Bouroux, qui
ne doutait de rien, copia les aquarelles de sa mère,
de telle sorte qu'il fallut bientôt lui donner un maî-
tre. Ce professeur de dessin était aussi receveur de
l'Enregistrement à Fours, dans la Nièvre. Comme
Bouroux était un excellent élèves, il se conforma à
la double tendance de son maître : il fit ses études
au collège des Barnabites de Gien qui le prépara à
entrer dans l'Enregistrement, puis il prit des leçons
avec le peintre Edouard Pail, à Corbigny, qui le pré-
para à en sortir.

    En effet, le jour où il se présenta au Receveur-
Rédacteur de la Direction d'Auxerre où il venait
d'être nommé surnuméraire, cet homme de peu de
foi lui demanda : « Que diable venez-vous faire dans
l'Enregistrement ? c'est le dernier des métiers !
»
Bouroux répondit gravement : « Monsieur, j'y viens
faire de la peinture »
.

    Il accomplit son service militaire à Rouen, en
compagnie d'élèves de l'Ecole des Beaux-Arts, qui
le menèrent chez Luc-Olivier Merson, lequel s'in-
téressa aussitôt à lui. Le service militaire fini, il fal-
lut bien s'exiler dans un chef-lieu de canton des
Alpes-Maritimes : Guillaumes. I1 s'y tenait à la dis-
position des montagnards qui venaient le voir le
dimanche à la sortie de la messe ; l'indiscret qui se
présentait à son bureau un autre jour de la semaine
lisait sur un écriteau : « Le receveur est sous le gros
tilleul. »


    Des Alpes-Maritimes il fut envoyé à Grancey-le-
Château dans la Côte-d'Or. Il fit des fugues fréquen-
tes à Dijon, y connut un collaborateur du Journal
des Arts
, Chaboeuf, lequel le présenta à un excellent
aquafortiste, Victor Focilion. Focillon fut pour Bou-
roux le vrai maître, celui qui sème le bon grain dans
le sol fertile, celui qui lui apprit les secrets de son
art.

    Du coup, Bouroux lâcha à la fois la peinture et
l'Enregistrement. Il se fixa à Paris, où il retrouva
Luc-Olivier Merson et Victor Focillon: Ceci se pas-
sait en 1906, et Bouroux avait vingt-huit ans. Il se
passionne pour les jeux du blanc et du noir. Dès 1908,
il reçoit une mention honorable au Salon, deux ans
plus tard une commande de l'Etat, deux ans plus
tard encore une troisième médaille. Il a exécuté des
eaux-fortes, il a illustré une monographie de Fri-
bourg
de R-P. Bertbier, il achève l'illustration de
Sienne, d'André Pératé lorsque la guerre éclate.

    Partout où il va à l'Hartmannswillerkopf,à Reims,
à Verdun, en Belgique, il a dans sa cartouchière le
« remède le plus surcontre le cafard » son carnet de
croquis. II participe à un Salon d'Automne organisé
à Wesserling par le général Serret. Il expose mainte-
nant de là gravure sur bois. Les mois de début de la
guerre, il les a passés à Nevers, et son ami Chalan-
dre en profita pour l'initier à la technique de ce genre
de gravure qui le séduisit tout de suite.

    Il dessinait beaucoup (c'est un grand danger sur le
front), il fut arrêté comme espion. Une fois, entre
autres, par un officier américain qui lui ordonna de
le conduire à son chef. Ce chef était Franc-Nohain.
Et les croquis pris sur le front servirent à illustrer
De la mer aux Vosges, le bel album de Franc-Nohain.


    Au retour de Belgique, il découvrit Bergues, et ce
fut l'origine d'une collaboration de trois volumes
avec Henry Cochin, Bergues-Saint-Winoc, En Flan-
dre maritime
et Saint-Orner. Puis ce fut le livre de
René Dumesnil, sur La Trappe d'Igny où Huys-
mans se convertit, et dont Bouroux avait vu les rui-
nes oeuvre de Allemands.

    D'Italie, il rapporte les illustrations du livre que
M. André Pératé, le conservateur du Musée de
Versailles, consacre à Assise. De Metz, il rapporte
les illustrations de la Colette Baudoche de Barrés ;
des diverses abbayes bénédictines où il s'arrête, cel-
les de L'Oblat de Huysmans ; de Bruges, celles du
Carillonneur de Rodenbach. Il collabore à l'illus-
tration de La Forêt Voisine, la dernière oeuvre de
son compatriote Maurice Genevoix. Il grave des as-
pects de la Rochelle, de Senlis, de Gravelines, de
Paris, de Bretagne.

    I1 a obtenu en 1921 une médaille d'argent au Salon,
en 1929 la médaille d'or, qui lui donne le titre de
hors-concours, et en dernier lieu il a été nommé
membre du jury.

    Aujourd'hui, P.-A. Bouroux est en pleine force,
en pleine maturité de son talent. 11 excelle à dégager
la poésie d'un paysage, d'un coin de petite ville.
Toutes les ressources de son art, il les connaît. Tous
les secrets de la technique de l'eau-forte ou de la gravure sur bois, il en est le maître. Tous les jeux de
la lumière, il les met en valeur avec du blanc et
avec du noir. « C'est pas coulouré, et c'est comme
si c'était coulouré »
, dit un petit paysan en le regar- dant travailler. Très cultivé, il étudie, il comprend
les textes qu'il illustre, ce qui n'est pas toujours le
cas des illustrateurs de textes ; il saisit dans un livre les traits les plus caractéristiques, les passages les
plus représentatifs, et c'est sur ceux-là que sa verve et son talent s'exercent, avec une sûreté dans le
choix, un brio dans l'exécution, avec un charme ou
une vigueur dans la manière de traiter le sujet sui-
vant que le sujet comporte, qui donnent tant de
saveur à cet accompagnement du texte ainsi souli-
gné, expliqué, commenté, et véritablement « illus-
tré », en conférant à ce mot le plein de sa significa-
tion.

    Et vraiment, voilà ce qui console un peu ses amis
de ne pas le voir plus souvent dans son appartement
de Paris, ou sa délicieuse maison de Courteuil : c'est
qu'au retour de chacune de ses fugues, il revient avec
des cartons bondés de belles oeuvres jalonnant la
carrière harmonieusement développée d'un artiste
qui honore sa petite patrie, et qui ajoute un fleuron
à la couronne artistique de la grande.

Henri MALO
Conservateur du Musée Condé à Chantilly.




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